Film documentaire très original de 50 minutes.
Sibérie orientale, en dehors de la saison hivernale, un hélicoptère arrive dans une région isolée, inaccessible par la route, au milieu de la taïga envahie par les moucherons. Une famille nombreuse, avec de jeunes enfants très blonds accueille ce qu’on devine être l’équipe de tournage du film. C’est la famille Braguine. Issue d’une communauté de croyants orthodoxes.
Tous attablés, le père raconte leur histoire au réalisateur, ils sont venus s’installer là pour vivre en autarcie voilà plusieurs années. Les garçons sont nés ici. Mais une autre famille, les Kiline se sont invités dans la taïga. Braguine raconte qu’ils leur prennent du terrain, les épient comme à l’époque soviétique. Un mur a été construit entre les deux familles.
D’autres intrus, les « corrompus » menacent de briser leur choix de vie, en s’appropriant les terres pour chasser.
Clément Cogitore filme comme il peindrait une grande toile, par touches, en explorant et construisant l’espace, jouant avec la lumière.
On suit Mr Braguine à la chasse, dans son bateau à moteur sur la rivière, dans la forêt sibérienne.
Les enfants vont jouer sur une petite île, plument le gibier rapporté par le père, se retrouvent tous sur la petite île où les rejoint la ribambelle d’enfants de la famille Kiline : des images exceptionnelles.
Ce que j’ai détesté : la chasse et le dépeçage de l’ours.
En visionnant ce film, je me suis demandé s’il existe sur Terre un endroit où il soit possible de vivre en autarcie sans être rejoint par la civilisation et par d’autres humains. On voit que même complètement isolés et proches de la nature, des rivalités, de la méfiance peuvent s’installer. L’état de nature ne rend pas les hommes meilleurs.
J’aime beaucoup le travail photographique de Clément Cogitore, que l’on retrouvait d’ailleurs dans son film « ni le ciel, ni la terre ». Je ne savais pas que ce film ne durait que 50 minutes. ça a l’air très puissant (et même éprouvant si j’en juge par la scène qui t’a heurté). J’espère avoir l’occasion de le voir. Merci pour cette belle revue.
Bonjour, oui dans « Braguino » on retrouve cette photographie à mi-chemin entre poésie et fantastique. Avec un montage travaillé et fin. De la tension dramatique malgré le format documentaire. Très bon week-end.