« Memories of murder » de Bong Joon Ho ****

Cette semaine, c’est l’occasion de voir ou de revoir ce film sud coréen sorti en 2003.

L’histoire se déroule en 1986, et se conclut en 2003. Elle s’inspire de faits réels : de crimes imputés à un tueur en série jamais arrêté par la police.

Amateurs des séries policières comme « les experts », « esprits criminels », « NCIS » et autres fictions qui voient se résoudre des crimes complexes en moins de 40 min chrono en main grâce à des équipes à l’efficacité redoutable et aux méthodes rigoureusement scientifiques, vous serez foncièrement déçus ou frustrés par « memories of murder ».

Et pourtant il y a énormément à voir et à dire sur ce film considéré par beaucoup comme un chef de file du thriller coréen.

Loin de moi toute complaisance liée à des considérations exotiques. Le cinéma coréen est riche de plusieurs thrillers mémorables. (Je pense à « the chaser », « strangers » ou encore « mother »)

L’intrigue se situe dans la province sud coréenne avec ses industries, ses mines et sa ruralité : cet univers provincial et joliment filmé, au besoin devient le cadre des crimes et des poursuites policières.

Ensuite, le climat est lui aussi un acteur important du film, les journées pluvieuses et sombres servant de décors aux meurtres. A l’opposé, le film débute par une scène champêtre ensoleillée quasi idyllique, avec un enfant impertinent qui imite un inspecteur …si ce n’est que celui-ci découvre le corps d’une victime.

Les policiers du coin, des brutes aux aspects burlesques, avec un côté superstitieux, trafiquant au besoin les preuves, se voient secondés par un inspecteur venu de Séoul, aux méthodes plus rigoureuses. Celui-ci va cependant être contaminé progressivement par la violence de ses collègues.

Bong Joon Ho dresse le portrait de marginaux inquiétants ou candides, suspects idéaux dans cette enquête.

Les investigations finissent par avancer, mais les manques de moyens scientifiques de la police coréenne vont freiner le cours des choses.

Quelques scènes d’anthologie : le meurtre de la femme sous la pluie près de l’usine, l’observation du pervers au soutien gorge sur une scène de crime, la course poursuite de nuit, la scène à la mine, les deux scènes sur les rails … Des coups de maître assurément.

L’ensemble est un film complexe et original, parfois drôle malgré le réalisme de la tragédie qui se joue, dans un décor pas du tout décoratif, avec un constat social acerbe. Il y a du suspense, des frustrations (pour tout amateur de polar), mais aurait-il pu en être autrement ? Et une réalisation magistrale !

https://www.senscritique.com/film/Memories_of_Murder/453901

Publicité
Cet article a été publié dans Films vus en salle. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

4 commentaires pour « Memories of murder » de Bong Joon Ho ****

  1. princecranoir dit :

    Un premier film formidable et percutant qui, comme précisé dans la chronique, a fait des petits non moins passionnants. Bong a confirmé depuis qu’il était un des cinéastes coréens les plus intéressants de sa génération.

    • Bonsoir Princecranoir,
      Merci pour ton intervention. Oui le cinéma de suspense sud coréen est vraiment à suivre. Espérons que nos cinémas d’art et d’essai continue de relayer leur diffusion. Très bon dimanche soir.

  2. Strum dit :

    Le plus beau film (à la fois polar, enquête sociologique et réflexion sur une culpabilité collective) de la nouvelle vague coréenne des années 2000 en ce qui me concerne. Génial. Bong a peu d’équivalent dans le cinéma contemporain, c’est presqu’un genre à lui tout seul.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s