« Parasite » de Bong Joon-Ho *****

En Corée du Sud, de nos jours. Ki-Taek  vit dans un entresol au coeur d’un quartier populaire avec sa femme, son fils et sa fille, deux jeunes adultes. Les quatre sont au chômage, malgré des potentiels certains, suite à des concours de circonstances malheureux. Ils gagnent un peu d’argent en pliant des boîtes de pizza. Un jour, un ami de Ki-Woo, le fils de Ki-Taek, lui propose de le remplacer en tant que professeur particulier d’Anglais auprès de la fille du très riche Mr Park.

La famille Park vit sur les hauteurs de Séoul, dans une magnifique et lumineuse villa aux décors dépouillés et aux beaux volumes. Ils engagent Ki-Woo.

Le ton qui évolue de la comédie vers le film d’horreur, est donné d’emblée. Sur un rythme de musique classique, la misère dans laquelle vit la famille de Ki-Taek se présente par des éléments et des signes ciblés par Bong Joon-Hoo, avec une pointe d’humour noir.

Tout s’enchaîne ensuite comme une mécanique bien huilée, tel le plan machiavélique de la famille de chômeurs.

Jusqu’à la nuit de l’orage : c’est cette nuit qu’on mesure le gouffre qui sépare les classes riches des classes populaires, avec le sentiment d’observer la vie sur deux planètes bien distinctes, s’ignorant l’une l’autre. Mais les plus défavorisés connaissent bien les deux mondes, alors que les Park ne semblent connaître de la pauvreté que l’odeur.

Ces scènes de la nuit d’orage relèvent pour moi du chef d’oeuvre, tant par la mise en scène, par le montage, le scénario et le jeu d’acteurs. C’est à la fois réaliste, effrayant, grave et comique.

Tout tourne finalement au chaos, un chaos orchestré en virtuose.

Le thème du film n’est pas sans rapport avec « Une affaire de famille » de Kore-Eda. Dans cette misère partagée, les liens familiaux sont très forts et les personnes solidaires. Au-delà du cercle familial, ni la pitié ni la gentillesse n’existent.

Mais Bong Joon-Ho n’est-il pas encore davantage cynique avec les riches : pointant leur cécité, leur naïveté, leur pseudo-gentillesse ? Comme le dit la femme de Ki-Taek « je serais aussi gentille si j’étais riche ».

Difficile de faire le tour d’un tel film mené par un maestro comme un grand morceau symphonique très sombre au final.

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3 commentaires pour « Parasite » de Bong Joon-Ho *****

  1. princecranoir dit :

    Superbe article pour cette symphonie débridée qui mélange la société coréenne dans le microcosme d’une villa moderne. A voir et à revoir assurément !

  2. Ping : Mes films préférés de 2019 | larroseurarrose

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