2011. Fern quitte le Nevada et laisse juste quelques affaires dans un garage, avant de partir dans un van qui a déjà bien vécu. Avant les fêtes elle va emballer des colis chez Amazon.
Son mari est décédé d’un cancer. La ville d’Empire où ils habitaient est rayée de la carte à cause de la fermeture du principal site industriel.
A Amazon elle retrouve des personnes connues, comme elle sur la route. Elle est invitée plus au Sud, à un rendez-vous d’autres nomades, animé par Bob Wells (qui joue son propre rôle). .
Fern poursuit sa route, toujours après des arrêts assez longs pendant lesquels elle occupe des emplois saisonniers (dans un camping, un fastfood ou pour la récolte de betteraves).
Comme dans beaucoup de road movies made in US, la route et les paysages sont magnifiques. Paysage tantôt minéral, montagneux, enneigé ou verdoyant filmé avec une grâce très émouvante, sur un fond musical sensible et subtil. Ce nouveau regard sur les paysages américains fait penser à l’histoire du cinéma américain, mais ici peuplé par des personnes marginales de ce début du 21ième siècle.
La plupart des personnes rencontrées par Fern jouent leur propre rôle et le jeu de Frances Macdormand, est tout à fait intégré à ce milieu. Naturel et sincère.
Le fil conducteur est le périple de Fern retracé sur quelques mois. C’est aussi une galerie de portraits, de personnages qui se dévoilent au fur et à mesure, même s’ils sont avares de paroles.
La crise des subprimes n’explique pas tout. Les personnes ont chacune de la complexité et un parcours accidenté, certaines (dont Fern) ont vécu des pertes qui les affectent encore.
Si l’existence de nomade révèle la valeur de la liberté, il semble exister un point de non-retour, à partir duquel plus aucun ancrage n’est possible.
Fern a franchi ce cap et préfère la vie où on ne dit jamais « adieu » à personne.
J’ai énormément aimé ce film modeste et mélancolique, réalisé au plus près des gens.