Earl Stone, âgé de près de 90 ans, était un horticulteur doué qui a toujours fait passer son travail avant sa famille. Au bord de la faillite il met la clef sous la porte, et n’a bientôt plus les moyens de subvenir à ses besoins. Il accepte de transporter de la marchandise pour un cartel de la drogue. Son profil est idéal : jamais de PV, casier judiciaire vierge et des dizaines de milliers de kms parcourus pendant son temps d’activité.
Clint Eastwood donne sciemment des arguments à ses détracteurs comme des os à ronger et visiblement s’amuse à les faire enrager, grâce à un humour resté intact. Ces clins d’oeil provocateurs constituent la surface du film, lequel a plusieurs strates.
« La mule » est aussi :
*Un thriller, plutôt bien construit, peut-être un peu lent au démarrage, qui suit le travail des enquêteurs parallèlement au trafic du cartel de la drogue dirigé depuis le Mexique.
*Un road movie : Les trajets en musique sur les routes interminables des USA avec les motels et les grosses voitures.
*Un film social, sur les difficultés qui touchent nombres d’américains (l’histoire avec l’assurance) ou de retraités.
*Le drame familial d’un homme qui sur le tard comprend enfin l’importance de sa famille.
En filigrane, ce film est un autoportrait. Autoportrait en images d’un homme très âgé, très classe, élégant, toujours beau, profitant des opportunités de l’existence.
Autoportrait d’un homme, plus vraiment en phase avec son époque, qui « parle sans filtre » toujours avec le même humour provocateur et qui refuse l’excuse du vieillissement et de la sénilité, assumant ses actes jusqu’au bout.
Pour ma part, ce film est un pierre de plus à l’immense édifice cinématographique que nous laissera Clint Eastwood.
Très bon film d’Eastwood. Je sors à l’instant du cinéma.
J’ai la même analyse sur ce film que je trouve à bien des titres supérieurs à l’acclamé « Gran Torino », mais j’ai bien peur que les contempteurs soient nombreux. C’est effectivement un film qui ne se laisse pas faire, qui grince des dents, qui se défie du politiquement correct à l’heure où le président fait l’unanimité des artistes contre lui. A bien des titres, Eastwood évolue sur la Corde Raide mais jamais ne flanche. 😉
Oui il a la peau dure, malgré une apparente fragilité. Merci pour ce commentaire.