Une fillette de neuf ans, seule, arrivée dans un village africain depuis peu, est accusée de sorcellerie par les villageois pour des raisons défiant toute rationalité.
L’inspectrice de police du village en réfère à un haut fonctionnaire qui vit dans une villa luxueuse. Celui-ci intervient et emmène la fillette, qui ne résiste presque pas, dans un camp de sorcières, occasionnellement visité par les touristes. Là-bas, l’enfant est baptisée « Shula ». Les femmes accusées de sorcellerie ont un ruban dans le dos rattaché à une bobine, pour les empêcher de « s’envoler ». L’Etat les exploite et les fait travailler durement, complice de la matriarche locale.
Le haut fonctionnaire utilise Shula grimée en sorcière, pour gérer certaines affaires et rendre justice. Il va même juste qu’à vendre ses dits « pouvoirs » à un homme blanc important, ou pour faire de l’audience à la télévision.
Ce film au vitriol, à l’humour grinçant, est écrit dans un style surréaliste, avec un beau travail des cadrages, des contrastes intéressants, des ellipses, une musique empruntée au répertoire classique européen et ces obsédants rubans. La fillette, taiseuse, au visage et au regard expressifs sait créer de l’émotion et appelle à la compassion.
Difficile de démêler la fiction de la réalité. Ceci dit, le message est un constat plutôt désespéré autour de trois axes : la discrimination des plus vulnérables et des femmes, l’utilisation par le pouvoir en place du paganisme local, le terrible manque d’eau en Afrique.
Un film vraiment à découvrir avec un appel à l’espoir tout à la fin.