Ce film de procès est une véritable leçon de cinéma. Ici le génie de Clint Eastwood se révèle dans la simplicité d’écriture et l’économie de moyens.
Mention spéciale à Jonathan Abrams qui a écrit le scénario.
Le film est très sobre, rien n’est superflu, pas de bavardage ou d’effet de style. L’intérêt du film se situe dans le scénario limpide, l’écriture au cordeau, les dialogues justes et faisant sens, le choix des seconds rôles, le langage non-verbal : posture, regards, expressions.
Chaque moment et chaque personnage trouvent leur place et leur nécessité, rendant finalement l’histoire, elle, complexe comme toute réalité.
Le propos fait référence à la justice aux USA et la justice en général, à partir de l’assertion « la justice est la vérité en action ». Clint Eastwood apporte différentes nuances et différents développements à cette affirmation en y mettant des accents « dostoïevskiens ». Avec l’émergence de la conscience morale du héros.
Les acteurs sont excellents en particulier le fragile Justin Kemp (Nicholas Hoult) ; la procureure Faith Killebrew (Toni Colette) oscillant entre ses ambitions et sa soif de vérité ; Marcus (CedricYarbrough) jugeant les personnes plutôt que les faits.
Je me permets une digression : « Juré n°2 » me fait penser à un récent grand film de procès : « Anatomie d’une chute » de Justine Triet que je n’avais que moyennement aimé. Si Justine Triet s’intéresse à la question de l’innocence, elle n’explore pas la dimension morale de la conscience chez son héroïne. Celle-ci se situe aux antipodes de Justin Kemp.
Bien sûr je ne peux que vous conseiller « Juré n°2 » si vous ne l’avez pas encore vu.
Voir les articles de Céciloule, de Dasola, de Princecranoir, de Christoblog.
Sur Allociné.

Superbe critique, qui a la bonne idée de convoquer Justine Triet à la barre. Comme toi, je trouve ce « Juré n°2 » autrement plus profond et pertinent sur la dimension morale de la justice. Rendons-là justement au scénariste Jonathan Abrams qui a fait un travail formidable, sur lequel peut s’appuyer la mise en scène au cordeau de Clint Eastwood. Voilà qui nous rappelle le meilleur, voire le plus sombre de sa filmo.
Merci pour le lien 😀
Merci pour ton commentaire. Je vais de ce pas mentionner le scénariste Jonathan Abrams dans ma critique. Bonne soirée.
Sa sobriété sert effectivement d’écrin aux acteurs et au propos, et c’est suffisamment rare pour être souligner ! Merci beaucoup pour le lien.
je suis allée voir ce film , et j’ai bien aimé mais j’ai beaucoup moins d’enthousiasme que toi, j’ai trouvé que tout était téléphoné, prévisible et démonstratif. Tout le film repose sur le rapport entre justice et vérité . La justice est-elle juste ?
Ce film manque d’authenticité mais est très bien mené vous ne pouvez pas faire autrement que vous poser ces questions.
Bonjour Luocine, Merci pour ton commentaire et merci pour ton analyse. J’ai trouvé que c’était original et bien trouvé de mettre un juré concerné par l’affaire directement. Contrairement à toi j’ai justement bien aimé cette réflexion sur le thème justice/vérité, parce que Clint Eastwood explore toutes sortes d’attitudes. Chacun a sa vérité et sa notion de la justice. Les gens pour qui la vérité est la vérité des faits (le policier, la procureure), ceux pour qui la vérité est celle de leurs émotions et vécu (Marcus), ceux pour qui la vérité se situe là où ils voient le mal (tous ceux qui jugent l’accusé sur sa personnalité). Il y a ceux qui se moquent de la vérité (ceux pressés de rentrer chez eux) il y a le commis d’office qui manque de moyen pour faire des investigations… Il y a enfin Justin qui est torturé par sa conscience et non par le rapport justice/vérité, pour lui la justice prend une dimension morale.
Bonsoir Anne, merci pour le lien sur un film qui vaut la peine d’être vu. C’est sobre, c’est bien joué avec un scénario qui tient la route.
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